Hermann Vorberger ne se contente plus de photographier les arabesques multicolores qui serpentent sur le mur de Berlin sans aucun espoir – quoiqu’on en dise – de le lézarder un jour. Souvent il appelle Solange pour qu’elle entre dans le champ de son objectif. Le temps d’un cliché elle fait cesser le claquement de ses dents. Aussitôt après elle recommence à courir le long du mur pour tenter de se réchauffer. C’est vers le milieu des années 80. L’hiver est particulièrement rigoureux. Solange ne rêve que d’une chose : descendre les marches d’une Weinstube, lever son verre et boire à la santé de son nouvel amant. Elle le surnommera l’Amant allemand. Hermann n’est Berlinois que depuis peu. Il est originaire d’une petite ville de la banlieue de Stuttgart. Il s’obstine à vouloir terminer ses quatre rouleaux de pellicule couleur. De l’autre côté du mur, la ville est grise. Depuis ses deux visites au musée de Pergame, le mois de son arrivée, Hermann n’y est plus jamais retourné. Il dit que ça ...
Trente ans après, réflexion et fiction autour de la chute du mur de Berlin