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Deux lignes du temps

Leurs souvenirs ne courent pas sur la même ligne du temps. Même les instants qu’ils partagent ne sont pas comptés de la même façon pour Solange et pour Jean. Elle a vingt ans de plus. Or vingt ans, ce n’est pas la même chose pour l’un et pour l’autre. Ils ont un rythme différent. Marchant au même moment et parfois main dans la main – quoiqu’ils évitent tout signe de tendresse en public – sur deux lignes de temps différentes, peuvent-ils avoir des souvenirs communs ? D’ailleurs les souvenirs ne sont-ils pas forcément et uniquement personnels ? On a beau se faire une image de l’histoire collective, on a beau même quelquefois faire acte de mémoire sociale et rappeler un souvenir prétendument commun (« Tu te souviens...? ») on n’a aucun moyen de savoir quelle représentation l’esprit de l’autre s’en produit.
Jean aimerait dessiner ses souvenirs dans un petit carnet. Il se demande s’il pourrait mieux les exprimer de cette façon ; s’il reconnaîtrait pour siens des souvenirs « communs » dessinés par quelqu’un d’autre.

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